8:42 – Je suis dans le RER A en direction de la Régie de quartiers de Nanterre. Les stations défilent, les gens entrent et sortent. Les vestes de mi-saison font leur apparition pour ceux qui n’ont pas peur des gelés d’avril, les jupes également pour les courageuses qui osent se découvrir d’un fil. Une matinée de travail m’attend avant de prendre le chemin de l’école buissonnière. Car à 16h, je franchirais les portes du Carré du Temple et serai accrédité presse pour découvrir avant l’heure l’Urban Art Fair #2. Mais finalement n’est-ce pas une forme de travail? Faire un reportage photo sur cet événement? Pour l’instant un travail non rémunéré mais qui sait où ma passion pour l’art urbain, le graffiti, le Street art, les villes, les murs qui nous parlent m’emmènera. Je suis ravi en tout cas de prendre du temps pour moi.
14:08 – Après une matinée productive avec une partenaire du quartier concernant des actions autour d’un jardin partagé et un déjeuner bien mérité, je prends la poudre d’escampette. Retour dans le RER pour me ramener sur Paris. Je suis large. Pas besoin de courir, d’aller plus vite que la musique. Je vais déjà profiter du soleil, sortir à Châtelet et faire le reste du trajet pied. A quoi va ressembler cet événement? Un grand marché? Un salon prestigieux où il fait se montrer? Un espace de rencontres entre des galeristes et des acheteurs, entre des artistes et leur public? Et moi dans tout ça, pourquoi j’y vais : Être dans le coup? Écrire quelques lignes qui passeront inaperçues? Rêver d’acheter une oeuvre exposée et de la mettre dans mon salon? Agrandir mon carnet d’adresse?
14:51 – Je marche. Passant de l’ombre à la lumière, de la Rue Rambuteau à celle des Blancs Manteaux. Découvrant par hasard l’office de tourisme de la Réunion. Tiens, tiens. L’Île me rappelle à elle. De quoi vous inviter, pour les esprits voyageurs, à faire un tour sur mes aventures du mois de janvier 2017. L’ombre encore, rue de Turenne. Soudain plus de bruit, comme si la ville voulait me murmurer quelque chose. Mes pas me font redécouvrir certaines rues que j’avais délaissées faute de temps, faute de ne pas prendre le temps. Le soleil de nouveau, rue Debelleyme. Cela déménage. La ville vibre. J’entends des enfants qui doivent jouer ou faire du sport dans la cour d’une école.
15:29 – Je suis à côté du Carreau du Temple. Les portes ne sont pas encore ouvertes. Pourtant à l’intérieur du bâtiment, j’ai l’impression que cela s’agite. J’imagine pourtant que tout doit être soigneusement accroché, que les prix sont restés dans la tête des galeristes et que les artistes ne se présenteront que plus tard au moment du vernissage. Mais est-ce l’attente autour de cet événement qui le rend si spécial ou est-ce uniquement moi qui m’amuse à le croire? Quoi qu’il en soit, il devrait y avoir les valeurs sûres de l’Art Urbain, les étoiles montantes. Chaque galerie présente son catalogue, sa palette, ses pépites. Se joue peut-être pour certain.e artiste un moment clé de leur carrière. Montrer ce qui se crée, créer un espace-temps pour montrer un condensé de ce qui se fait. Voilà l’enjeu derrière un événement comme celui-ci. J’espère être surpris, voir de l’inattendu. Dans quelques minutes, le bal ouvrira.