Urban Art Fair – 21 avril 2016

Street Art
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Les beaux jours sont là. J’ai l’impression que nous les attendions toutes et tous avec impatience. Les projets commencent à prendre d’assaut les espaces extérieurs. Ils fleurissent au rythme du printemps et remplissent mon agenda. Tant de choses à faire qu’il faut faire des choix, tout ne peut rentrer, rien ne sert de courir. Je préfère savourer ce que je fais plutôt que de survoler chaque chose.

D’ailleurs je me retrouve embarqué grâce à mes amis Yoshii et Robinson (d’Akiza la galerie) à l’Urban Art Fair. Etant galeristes, ils ont eu des places VIP pour cette foire exceptionnelle qui se déroule du au avril, aux Carreaux du Temple. Me voilà donc à accompagner Yoshii pour le pré-vernissage. Je suis ravi de pouvoir accéder à ce genre d’événement et de vous le faire partager. Même si globalement je crois avoir compris que la plupart des oeuvres proposées par les différentes galeries ne sont pas accessibles pour mes comptes en banque, cela reste un monde à découvrir, à comprendre.

15h45

L’art urbain n’est plus que dans la rue. Certains artistes ont franchi le pas et se retrouvent sur les murs de galerie, puis sur les murs de Madame Unetelle ou Monsieur Machinchouette. De la rue à l’intérieur d’une maison, du vandalisme au fait de sortir une carte bleue pour acheter une oeuvre, il y a eu des étapes, des histoires. Il y a l’idée que l’art urbain est de l’art, que le processus créatif sur un mur vaut son pesant de chocolat. Alors pourquoi pas le mettre sur une toile, sur du bois, sur un brique et y poser un prix.

Voilà ce que je vais avoir devant moi. Un condensé de galeries, d’artistes, d’univers. Un marché. Ce qui veut dire qu’au delà du fait d’exposer, de montrer, il y a l’enjeu fort de vendre. Ce qui sous-entend également que des acheteurs et collectionneurs potentiels seront là. L’idée en tout cas fait parler. Entre ceux qui n’y seront jamais par principe, ceux qui monnaient leur intervention, celles que l’on ne verra pas là, celui qui aimerait faire partie des présents. Tout un monde que je vais côtoyer le temps d’une fin d’après-midi.

16h40

Le ciel se couvre. Je suis à deux pas du Carreau du temple, posé dans le parc, en attendant Yoshii. Que se passe-t-il à l’intérieur du salon? Tout est-il bien accroché? Les cartes, les prix? Les artistes seront-ils au rendez-vous? Une question : à combien est estimé l’ensemble des oeuvres présentes ? Je retrouve ma camarade d’une fin de journée. Yoshii. Nous entrons. Les couloirs sont encore relativement vides. Nous commençons notre déambulation.

18h30

Les minutes passent. Nous croisons des gens connus. D’autres qui nous harponnent pour nous présenter les artistes mis en valeur sur leur stand. Nous discutons ensemble au fur et à mesure de nos pas. Il semble se jouer dans ces allées du lourd. Il est question de la côte de certains artistes. Il en va aussi de la place de l’art urbain dans le marché de l’art. Je suis peut-être en train d’assister à un tournant parisien qui fait basculer ce qui se crée dans la rue en une poule au oeuf d’or.

C’est curieux. J’ai l’impression que dans cette course effrénée à l’instant, dans cette quête au profit, se joue une rentabilisation de l’art urbain, une sacralisation de certains artistes qui deviennent ainsi connus (et reconnus ou côtés suivant le point de vu) de leur vivant. Il y a celles et ceux qui étaient accrochés au Urban Art Fair et les autres. Pourquoi pas. Mais qu’est ce qui fait de l’individu l’artiste : l’oeuvre, l’univers ou le marché qui achète ou non l’oeuvre?

20h10

L’art urbain a un prix. Cela le rend-il plus ou moins respectable, à chacun son avis. Les artistes franchissent le pas d’être exposés et vendus, grand bien leur fasse si elles/ils ne se brûlent pas les ailes. Moi ce qui m’intéresse c’est de comprendre l’humain qui est là derrière. De faire un pont entre un univers, ce qu’elle/il montre et des personnes qui ne s’y seraient jamais intéressées. Maintenant il est vrai que ce rassemblement a un côté théâtral qui ne peut laisser sans reste.

Pour un Banksy il faut demander le prix. Pour d’autres, cela semble prendre un peu de hauteur par rapport à leur dernière exposition. Les galeries qui sont là sont celles qui ont pu se le permettre, celles pour qui le salon sera rentable, celles qui sentent peut être dans l’art urbain un bon investissement. Alors qu’en est il de découvrir des talents, de nous faire voir la prochaine génération de Street artistes? Pour une première, les galeries semblent avoir réuni leurs valeurs sûres. Et cela se comprend. Il manque pour moi un brin d’anticonformisme, un soupçon de révolte, un happening délirant qui casse les codes.

J’ai croisé du beau monde. Parfois des personnes que je connaissais déjà. Certains que j’ai même interviewé comme Philippe Hérard, Codex Urbanus. D’autres c’est Yoshii qui a joué les intermédiaires. D’autres encore que j’aimerais bien passé sur le grill. Je ne doute pas que certains échanges aboutiront sur quelque chose. Il faut trouver le bon moment. Parce que là tout semble se passer trop vite, entre deux murs, entre deux pas. Au détour, dire bonjour, échanger et dire ce que l’on ressent, ne pas sauter sur l’occasion pour forcer la rencontre. Cela la rendrait tellement superficiel que ça n’aurait pas d’intérêt.

J’ai découvert également des galeries, notamment Clemouchka pour mes ami-e-s lyonnais-es. Mais cela passait de Paris à Saint-Etienne en passant par Berlin, Londres ou encore Amsterdam. De quoi agrémenter mes prochains voyages. En même temps je passerai voir ces galeries non par obligation mais bien parce que, au gré de mes rêveries, là où me mèneront mes pas, là où le Street art m’embarquera, elles seront sur le chemin. Il fait terriblement chaud. Est-ce parce que la foule est de plus en plus compacte? Est-ce par les enjeux bouillonnants de réussite?

21h30

Nous avons fait le tour. Nous sommes repus de Street art, de tous ces noms sur les cartels, de tous ces visages souriants, de toutes ces poignées de main ou ces bises. Les rumeurs dans les couloirs de l’Urban Art Fair se referment progressivement plus nous nous en éloignons. Il est l’heure maintenant de lever le coude et de s’asseoir.

J’ai mis 3 jours pour publier cet article, ce qui rend inutile de vous dire d’y aller puisque cela se finissait ce dimanche. Si vous m’avez lu jusque là, je vous offre quelques photos. Pour les plus curieux, il vous suffira de taper « Urban Art Fair » sur un moteur de recherche pour trouver bon nombre d’articles avoir des détails supplémentaires et savoir (peut être) si tout a été vendu.