Saisissons cette opportunité

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Le pendant, l’après, peu importe. Avant de spéculer sur ce que sera le monde d’après, il y a déjà à regarder et agir sur celui d’aujourd’hui. Ce qui ne va pas, ce qui mérite d’être renforcé, ce qu’il faut et faudrait changer, ce qui n’a plus de sens, ce qui est inéluctable et nécessite de revoir radicalement la copie. Il est et sera question de faire les choses autrement, de se mettre en transition, de modifier des habitudes plus ou moins ancrées, de choisir la société que l’on veut (j’ose espérer plus juste, plus sobre, plus respectueuse), de défaire certaines parties pour les réorganiser différemment.

Nous avons intérêt, pour certain·e·s besoin, de saisir cette opportunité qu’offre la crise du Covid-19, ce coup d’arrêt mis à l’économie mondiale, ce taquet mis à une croissance qui s’imagine infinie dans un monde aux ressources finies, pour en faire quelque chose d’utile pour tou·te·s, pour faire de ce chaos génésique un renouveau. Car cela pointe du doigt les dysfonctionnements, cela fait resurgir parfois avec violence les inégalités, les disparités entre les personnes, entre les territoires, cela met en lumière les mécanismes d’un capitalisme prédateur, extracteur. Se saisir de cette opportunité pour ne pas oublier les pertes humaines à travers le monde, pour qu’ils/elles ne soient pas parti pour rien.

Commencer par soi. Se regarder dans le miroir et voir ce qui va, ce qui cloche un peu, ce que l’on aime faire, ce que l’on aimerait changer, ce qui permettrait d’être aligné·e, ce qui nous fait vibrer. Pour se faire, certaines personnes vont avoir besoin de temps pour se poser, réfléchir, changer le curseur de place et avancer. D’autres n’en ont pas la possibilité actuellement devant déjà subvenir à leur besoin et ceux de leur proche.

Voilà que frappe comme une double peine cette épidémie, creusant davantage les inégalités, rappelant que se joue en plus de la crise sanitaire, une crise de classe. Avant donc de bougonner, de se plaindre de ne pas savoir où passer les vacances cet été, n’oublions pas que certaines personnes n’en ont pas la chance, ne peuvent tout simplement pas se le permettre. Certaines réflexions sont parfois indécentes et l’égo devrait garder pour lui certaines remarques plutôt que de les étaler sur les réseaux sociaux.

Commencer par soi donc. Se demander ce dont nous avons besoin pour être hereux.euse, pour être en bonne santé, ce que nous pouvons faire, à notre échelle, qui nous fasse du bien, qui soit utile, qui ne nuise pas à autrui. S’appuyer sur nos forces, nos compétences pour les mettre à profit, pour participer à notre manière, faire de notre mieux, petit pas – petit pas, faire notre part de colibris. Mettre en œuvre un changement intérieur et le traduire en actes au quotidien. S’indigner et agir. Ne pas critiquer sans avoir pour but d’apporter une amélioration, ne pas rejeter par principe sans proposer une objection constructive.

Certes il faudra à un moment changer d’échelle. Mais, je le répète, déjà commencer par soi, sa famille, ses proches, ses ami·e·s, être dans un cheminement et se réjouir chaque petite victoire, le partager autour de soi. Puis élargir le cercle, mettre en place des choses dans son immeuble, entre voisins, dans le quartier, dans sa ville. Participer à la vie associative, donner de son temps, son énergie pour des projets collectifs. Montrer par l’exemple qu’il est possible de changer, par exemple de réduire ses déchets, de partager certains outils plutôt que de les acheter, de planter du comestible dans l’espace public, de créer une monnaie locale. Les idées sont là, foisonnantes, réjouissantes. N’attendons pas des autres, faisons !

Une fois cette révolution personnelle enclenchée, en ayant « fait » le tour de soi, puis en s’étant mis à l’action, en se mettant en transition pour mieux être et moins avoir, pour faire ensemble et pas seul, il y aura d’autres marches à franchir. Il faudra s’organiser, dans des groupes plus larges, pour porter plus haut et fort notre voix. Il faudra accompagner les autres aux changements, à la transition et montrer que cela est possible, important, nécessaire. Il sera plus qu’utile de se relier, de partager, d’essaimer les bonnes idées. Il sera primordial de (re)créer des communs, d’apprendre à les gérer. Il faudra trouver d’autres modes de gouvernance, d’autres façons de faire société, de faire humanité, d’autres manières de travailler. Et bien d’autres marches encore que nous aurons à inventer, à créer, à coconstruire ensemble, que nous découvrirons en cheminant.

Voilà pourquoi, au-delà d’y réfléchir, d’échanger et discuter, d’écrire et de vous livrer tout cela, je compte faire ma part. J’ai lancé au début du confinement le projet « En attendant je peux faire quoi?!? » pour répertorier des liens utiles, pratiques, gratuits pour occuper les petit·e·s et les grand·e·s pendant le confinement. Je me suis amusé à enregistrer deux émissions de radio Adventice #12 et Adventice #13 dans lesquelles j’ai lu Le pouvoir d’agir ensemble, ici et maintenant et Le cercle vertueux qui me semblaient d’actualité.

Je veux aujourd’hui lancer un projet d’écriture collaborative pour mutualiser ce qui s’est dit, fait, écrit au sujet de la transition, pour regrouper ce que l’on peut faire pour changer les choses tant face aux enjeux du changement climatique, aux enjeux démocratiques, aux enjeux sociétaux. Un projet pour aider à réfléchir, à agir, à se mettre en mouvement, pour donner à voir, montrer par l’exemple, pour accompagner et donner des clés pour accompagner à son tour. Si une telle entreprise vous intéresse, si vous avez un ou des domaines de prédilection, si vous connaissez autour de vous des personnes qui pourraient prendre part à ce projet, contactez-moi par mail à contact@clementcharleux.com. Je me doute que je ne suis pas le seul, que nous sommes nombreux.euses à avoir envie de ré(v)inventer notre monde, de po(é)sitiver notre quotidien. Peut-être des projets similaires existent ou voient le jour, et tant mieux. Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que j’ai besoin de le faire.