Et la décence, bordel !!

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A nous qui avons le choix de diffuser (ou non) les messages que nous recevons, qui avalons sans les comprendre des tonnes d’informations, qui polluons parfois notre famille, nos ami·e·s de messages non vérifiés.

A elle qui publie sur les réseaux les photos de ces dernières vacances en se demandant quand elle va pouvoir revivre cela, qui pose la question de savoir si elle pourra partir cet été et où.

A ces médias qui font parler des « spécialistes » sur la crise, sur les difficultés de vivre confiné·e, sur l’impact économique de l’épidémie, qui spéculent, qui attisent les tensions, qui cherchent les contradictions, qui angoissent plus que ne rassurent.

A moi qui ne fais pas peut être autant que ce qu’il faudrait, qui présuppose des choses, qui comble certains vides.

A ces entreprises, ces banques qui quand elles font des bénéfices les distribuent en interne aux actionnaires, quand elles font des pertes demandent le soutien de l’état, qui maximisent le profit sur le dos des gens, qui optimisent fiscalement leur capital.

A toi qui as peut-être acheté en ligne une chose non essentielle parce qu’il y avait une promotion, qui a commandé un plat à emporter du p’tit resto que t’aimais tant avec le dilemme de faire appel à un livreur ou non.

A lui qui diffuse sans réfléchir, qui partage une vidéo sans l’avoir même regardée, qui complote parce qu’il y a surement du vrai dans cela, qui se méfie et voit la conspiration dans tout, qui est englué dans ses propres biais cognitifs.

A toutes ces personnes qui vivent super bien le confinement, qui font le show, à s’imposer une discipline d’enfer, à être dans la performance, à dire à qui le voudra (ou pas) qu’il faut faire du sport, du yoga, qu’il ne faut pas se laisser aller, qui donnent des conseils pour tenir bon, pour ne pas avoir le blues.

A lui qui n’a rien trouvé de mieux que détourner des respirateurs pour les vendre dans le marché parallèle ou eux qui se battent à coup de valises de dollars sur le tarmac d’un aéroport chinois pour détourner un avion contenant des masques vers leur pays.

A ces actionnaires qui se votent actuellement une augmentation de leur dividende, qui voient là une opportunité de faire fructifier leur capital.

A toi qui ne sais pas quoi faire du temps que tu as, qui peste contre le reste du monde qui ne changera pas à l’issue de tout ça, qui fait la morale, donne des leçons sur ce qu’il aurait fallu faire, qui pense que personne n’aura mis à profit ce confinement pour changer.

A vous qui êtes confiné·e·s dans une belle maison, avec un jardin et peut-être une piscine, qui pouvez sortir dans un coin de verdure sans avoir sur vous une autorisation dérogatoire et qui trouvez cela quand même compliqué à vivre.

A ces femmes et hommes politiques qui voient se profiler les élections présidentielles, qui disent qu’elles/ils auraient fait bien mieux, qui refont le match et finiront par tirer la couverture vers elles/eux.

A elle qui ne sait pas comment elle va faire pour couper sa frange.

A moi qui juge peut être trop hâtivement.

Pensons à celles et ceux qui vivent le confinement seul·e·s, avec pour compagnie leur reflet dans le miroir.
Pensons à celles et ceux qui sont frappé·e·s de plein fouet, qui connaissent pour la première fois (ou encore une fois de trop) le manque, qui ont recours aux aides alimentaires pour faire face à la situation.
Pensons à celles et ceux qui sont en surnombre dans un appartement trop petit.
Pensons à celles et ceux qui ne pourront pas partir en vacances (et qui ne sont pas parti·e·s depuis des années).
Pensons à celles et ceux qui sont en danger à l’intérieur.
Pensons à celles et ceux qui ont perdu un·e proche sans pouvoir dire « au revoir ».
Pensons à celles et ceux qui se battent pour que tourne la machine, pour que l’on puisse profiter de l’après.
Pensons à celles et ceux qui sont des héros·héroïnes aujourd’hui et qui étaient des invisibles hier.

Plutôt que s’apitoyer sur notre sort, plutôt que de critiquer sans agir, plutôt que se vanter d’en faire déjà largement assez, pourrions-nous relever les défis présents et à venir en collaborant, résoudre les enjeux environnementaux, démocratiques, sociaux de manière apartisane.
Plutôt que de se tirer dans les pattes, plutôt que d’être ennemi·e·s, plutôt que de jouer à la division, pourrions-nous faire ensemble, nous transformer individuellement et collectivement pour le bien de tou·te·s, pour construire les jours heureux.
Plutôt que de désirer toujours plus, plutôt que de vouloir dominer, d’utiliser le pouvoir à des fins personnels, plutôt que d’étaler son argent, pourrions-nous nous satisfaire, retrouver l’essentiel, partager les richesses autrement, vivre en symbiose avec notre planète.
Comme je l’ai écrit précédemment (Saisissons cette opportunité, Après, Réfléchissons et agissons !) il est temps de s’organiser et de faire une (r)évolution !