Aérosol Part 1 – 19 août 2017

Voici la première partie de mon reportage sur l’Aérosol. Le tour (et plus) que j’ai fait avec Malory le 10 août était, pour ainsi dire, pour prendre la température. Je ne sais pas si je pourrais interviewer David BENHAMOU aujourd’hui mais quoi qu’il en soit, il est plus que nécessaire d’aller voir ce qui se trame là-bas. D’autant plus que depuis la dernière fois, de nombreuses oeuvres ont dû voir le jour et ont dû recouvrir les anciennes. La vitalité de ce genre de lieu tient aux organisateurs dans leur façon de concevoir l’espace et de l’animer mais également aux artistes qui y font des oeuvres et aux publics qui viennent le faire vivre.

Pour ne pas perdre trop de temps en transport, je décide de prendre une AutoLib d’Aulnay-sous-Bois à Paris. C’est parfois un bon plan car depuis la banlieue je peux bénéficier de 60 minutes de conduite offerte si je ramène le véhicule dans certaines stations parisiennes. Je décide donc de m’arrêter vers le canal Saint-Martin, histoire de passer devant le Point Ephémère et y faire quelques photos. Cela fait un moment que je ne suis pas passé par là, mes balades me manquent…

Je passe ensuite vers Jaurès, devant le Jardin d’Eole et par la rue d’Aubervilliers. A l’angle avec la rue Riquet, la pluie fait son apparition. Intéressant de voir comment ces murs ont vécu. Il y a eu, il y a plusieurs mois, un projet en l’hommage de Rosa Parks, la « mère du mouvement des droits civiques » aux Etats-Unis. Quelques oeuvres sont toujours là. Certaines sont recouvertes de tags. A découvrir par ici, dans cette galerie de photos. Je remonte la rue jusqu’au bout, traverse sous les voies de RER. Je rejoins l’Aérosol. Qu’est-il arrivé depuis la dernière fois où je suis venu ? Venez avec moi…

Je montre pattes blanches en entrant. Je passe par l’intérieur du bâtiment. Des personnes sont tranquillement installées sur les transats, d’autres jouent au baby-foot, d’autres encore prennent des cours de rollers. À l’extérieur, un DJ mix en direct. Le turnover sur les murs est impressionnant. Depuis la semaine dernière, au moins six œuvres ne sont plus là. Il faudra donc revenir régulièrement voir l’évolution du lieu, sa vitalité, son dynamisme.

Il y a du monde, un mélange assez surprenant. Les arts urbains et les cultures urbaines ont le pouvoir de rassembler dans un même lieu des gens qui ne se seraient jamais côtoyés. Effet de mode ? Pouvoir d’attraction ? Il serait intéressant de poser la question aux organisateurs, de demander également aux visiteurs ce qu’ils en pensent. Est-ce un lieu à voir ou un lieu où il faut être vu? Bref, je vais me lancer et tenter d’obtenir des réponses.

En allant au bout du Hall of Fame, je croise Kanos qui est en pleine création. Encore une fois son lettrage est flamboyant. Les couleurs utilisées, la précision de ses traits. C’est superbe. Nous discutons un peu. Il prend le temps et finira normalement demain. A quelques pas, l’artiste REVER opère. C’est très surprenant de le voir faire. Il pose une base, hydrophobe, puis asperge avec de la couleur. Apparaît alors un mot, que je vous laisse découvrir ci-dessous.

Cela fait déjà 2h que je suis à l’Aérosol. Je me la joue reporter et approche des visiteurs. J’ai envie de savoir d’où ils viennent, comment ont-ils connu ce projet et ce qu’elles/ils en pensent. Voici quelques propos recueillis au fils de la journée :

1. Une maman et son fils.
Est-ce que vous pouvez me dire d’où vous venez et comment vous avez eu l’information concernant l’Aérosol ?

Maman : Nous venons de la Région parisienne, dans le département de la Seine St Denis. En fait, nous sommes tombés par hasard sur un article du magazine Elle. Il disait qu’il y avait cet espace dédié au Street art. Un espace de la SNCF. Je sais que mon fils aime bien tout ce qui est Street art. Nous en avons vu cet été à Djerba. Nous avons beaucoup apprécié les dessins. On s’est dit que l’on allait venir faire un tour. Sur place c’est super. Les dessins sont magnifiques.
Vous avez permis à votre fils d’avoir une bombe. Est-ce que cela te plaît ? Qu’est ce que tu fais dans cet espace, où y’a plein de grand qui graffe ?
Fils : Moi j’aime bien. Mais je fais que ça, un S américain. J’arrive pas à faire d’autres trucs, c’est trop compliqué.
Mais cela va venir. Faut peut être demandé aux grands. T’as pas osé encore ?
F : Non.
Et cet espace, cela te plaît de voir tout ça ?
F : Oui.
C’était une friche, un bâtiment où il n’y avait plus rien. Là aujourd’hui on permet aux personnes de pouvoir marquer des choses sur le sol, est-ce que cela te plaît ?
F : Ouai.
Et vous, comment vous trouverez cela ?
M : Oui, cela permet à chacun de s’exprimer. C’est génial pour les enfants. S’exprimer parle dessins. C’est un ouverture d’esprit pour tous. C’est une autre façon de voir de l’art. Je trouve cela super.
Au niveau de la qualité de ce qui est proposé, des surfaces disponibles pour tous.
M : Oui. C’est top.
Est-ce que vous conseilleriez à des amis de venir découvrir le lieu ?
M : Oui. Je partage pas mal de photos sur les réseaux sociaux. C’est par ces moyens là que l’on peut inciter les gens à venir et venir dans ces coins perdus, dont on ignore l’existence parfois sur Paris. Une bonne découverte.


2. Une femme avec un groupe d’amis.
D’où vous venez vous ?
Femme : Nous venons du Vaucluse.
Vous ne venez pas spécialement pour cela ?
F : Non. Pas spécialement.
Qu’est-ce qui vous a ramené ici ?
F : Un ami chez qui l’on est, qui connaissait le lieu. On était curieux de voir ce que c’était.
Intéressée par ailleurs par le Street art ?
F : Oui. Intéressée un minimum. Juste par curiosité. Je trouve que c’est un endroit sympa. Parce que, nous n’avons pas trop ça.
Vous êtes de quel endroit du Vaucluse ?
F : Vers Avignon.
Je connais un peu, j’ai de la famille là-bas.
F : Il y  a quelques choses mais des lieux comme cela, non.
Oui des friches aussi intenses, cela va être plus sur Marseille que l’on trouverait ce genre de choses.
F : Oui c’est vrai. Plus loin. Nous, non. Donc voilà la curiosité de venir voir.
Et comment vous trouvez l’ambiance, le mélange de public ?
F : Je trouve cela sympa que tout le monde puisse mettre sa patte. Après il y a les plus grandes œuvres qui sont sympa à regarder. Et puis surtout que tout le monde puisse intervenir.
Oui, acheter sa bombe et peindre sur le sol.
F : Oui, cela est cool. Parce qu‘il y a des enfants qui s’exercent. Il y a des danseurs. De la musique. Vraiment sympa.
Cela crée une bonne ambiance dans un lieu qui était vide sinon. Une friche.
F : Oui j’imagine. Hors de ça, il ne devait pas y avoir grand chose.
Est-ce que vous vous dites que ce genre de projet permet de transformer un lieu? Par rapport à Paris, nous sommes presque à la limite. Il faut venir jusqu’ici.
F : C’est sûr que cela fait vivre le coin. Il y a sûrement des gens qui ne seraient pas passer par là et qui sont intéressés par ce genre de lieu.
Nous avons été au Havre la semaine dernière. C’est une ville qui bouge bien aussi. Il y a un endroit qui bouge bien aussi, qui s’appelle Tetris. C’est un lieu un peu comme ça, avec plein d’artistes qui peuvent faire de la musique, de la peinture, du graff. C’est vraiment chouette d’avoir des lieux comme cela où tout le monde peut rentrer et sortir.
Oui, cela le rend accessible à plein de gens.
F : Je voyais des dames qui promenaient leur chien par exemples. Elles se sont retrouvées dans ce lieu. Elles ne seraient peut-être pas venues. En même temps, il y a l’œil qui travaille.
Et en même temps cela mélange. C’est la force des cultures urbaines, d’arriver à mettre tout le monde dans le même endroit.
F : Et que ce soit gratuit quand même.


3. Une femme seule (à priori)
Déjà, je voudrais savoir d’où vous venez ?
Femme : Alors je viens. J’ai beaucoup voyagé. Mais là on va dire que j’habites Paris, dans le 16ème.
D’accord. Comment vous avez eu vent de ce projet, de l’Aérosol ? Comment avez vous eu l’information ?
F : Y’a deux heures. C’est par une amie qui connaissait le lieu. Je me suis dit « pourquoi pas visiter le lieu ».
Elle vous a envoyé un message et vous avez rappliqué ?
F : Oui voilà. Elle m’a donné l’adresse. Elle m’a dit L’Aérosol et « tu vas voir ».
Et donc, vous avez fait un petit tour du lieu. Comment vous le trouvez ?
F : C’est vraiment… je crois que je n’ai pas un mot pour décrire ce lieu-là. Il est magique. Il est créatif. C’est beau, coloré. Vraiment j’adore. Bon environnement.
Dans la proposition qu’est là, entre ce qui est fait sur les murs, les grandes fresques, le fait que les gens puissent investir le sol et acheter des bombes, est-ce que vous trouvez cela sympa ? logique, ludique ?
F : Oui.
Est-ce que cela vous a donné envie de vous exercer ?
F : Carrément. Cela me donne envie. Je n’ai jamais essayé. Mais pourquoi pas, de dessiner quelque chose. Franchement ouai. Ce qui est bien dans ce lieu c’est qu’on a l’impression que tout le monde peut dessiner. Peu importe le talent. Que tu sois nouveau, débutant. Ce lieu, comment dire, nous invite chacun à s’exprimer à sa manière. Je trouve ça bien.
Il y a des tables, des chaises, de la musique, du roller, des food trucks. On peut se poser tranquillement avec ses amis. Est-ce que ces propositions autour du Graffiti vous paraissent cohérente ? Est-ce que ce projet change de ce que l’on peut voir ?
F : Oui. Cela change de d’habitude. On peut avoir un lieu avec de la musique, avec de l’alcool et à manger, mais c’est tout. Là ce qui est bien, c’est que tout est lié. Il y a plein de distractions, cela bouge tout le monde. Ce n’est pas monotone. C’est une très bonne idée, une super initiative. J’ai entendu que cela allait durer jusqu’au 31 août.
Cela va durer jusqu’à début janvier. Je pense que jusqu’en août il va y avoir une programmation spécifique, entre le roller, les DJs. A partir du 1er septembre, il va y avoir un musée qui va ouvrir à l’intérieur avec des œuvres de Street Art de collections privées. Cela va être exposé sur plusieurs mois. Le lieu est voué à vivre comme cela jusqu’en janvier.
F : C’est parfait.
Cela vous donnera l’occasion de revenir ?
F : Ben oui. J’avais entendu le 31 août mais là cela lassera le temps d’en profiter. Impeccable.
Est-ce que vous inciterez vos amis à venir ? Est-ce que l’ambiance vous plaît, entre familiale, conviviale, des gens d’horizons divers et variés ? Est-ce que vous vous voyez revenir le week-end prochain, ramener des gens à votre tour ?
F : Oui. Carrément. Cela m’a marqué. Bien sûr que je vais en parler. Je vais motiver la team pour qu’elle vienne. C’est une bonne initiative, c’est cool.


Je continue mon circuit. Je retourne à l’intérieur du bâtiment. l’entraînement de rollers est fini. Je me permets d’aller voir une des personnes du groupe pour lui demander si elle accepterait de répondre à quelques questions et me raconter comment elles en sont venues à être présentes aujourd’hui. On me met dans les mains de la chargée de com de l’association Paris Rollergirls. Le rendez-vous est pris d’ici 15 minutes à l’extérieur. A découvrir très prochainement (en fonction de ma rapidité pour retranscrire l’interview) les sacrées nanas du Paris Rollergirls et leur sport étonnant : le Roller Derby.

La fin de journée m’a réservé de belles surprises. J’ai retrouvé David BENHAMOU, co-fondateur de Maquis-art, au niveau de la partie boutique. Il a accepté de faire l’interview et a pris le temps de répondre à mes questions. Nous nous sommes installés dans les bureaux de la partie musée. Un moment riche et captivant sur cette aventure humaine et artistique autour de ce lieu atypique qu’est l’Aérosol. En sortant, il m’embarque pour rencontrer son acolyte Kévin RINGEVAL, responsable de la partie événementielle avec sa boîte Polybrid Production. J’enchaîne donc avec lui, de manière complètement improvisée, et découvre une autre partie de l’organisation. De quoi me donner quelques clés et comprendre comment ils ont rendu possible que la magie opère. Les deux interviews sortiront dans le milieu de semaine prochaine, promis !

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