Vivaldi recomposed – 10 janvier 2016

Musique
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Ce soir, première sortie de l’année : direction la Philharmonie de Paris pour le concert de Max Richter. L’année dernière, à la même époque, les choses étaient toutes autres. Je me souviens être descendu dans la rue, d’avoir marché à côté de milliers d’autres, d’avoir pleuré. Je me souviens être stupéfait, être envahi de rage. Je me souviens avoir écrit pour libérer ma douleur. La dernière fois, dans ce lieu, c’était le 13 novembre 2015 dans la petite salle.  Je me souviens la magie, l’ambiance, l’énergie de Fatoumata Diawara, les mélodies de Roberto Fonseca. Je me souviens avoir fini debout, en train de danser, de vibrer dans une diversité de sons. Je me souviens l’incompréhension en sortant de la salle, en reprenant le métro puis le RER pour rentrer à la maison. Je me souviens avoir écrit pour raconter la contradiction de cette belle et tragique soirée.

Il est important de continuer à aller à des spectacles, à des concerts, de sortir de chez soi pour vivre. Il est important de se réunir pour dire notre amour de la culture, pour apprécier ensemble ce langage universel et précieux qu’est la musique. Il est important de saisir les occasions, de créer des rencontres, de se faire du bien tout simplement, de le partager avec celles et ceux que l’on aime.

Pour dire vrai, cela faisait un moment que j’attendais ce concert. Entendre en live Max Richter, quel régal !! Surtout que ce soir c’est deux en un si je puis dire : Vivaldi recomposed pour commencer et The Blue Notebook pour finir. Je suis d’autant plus content que cela va me permettre de découvrir la grande salle de la Philharmonie.

Après le RER B et la ligne 5, nous sortons à Porte de Pantin. La grand halle de la Villette, le Zenith plus loin, pas pour nous ce soir. Voilà le bâtiment de la Philharmonie, imposant, grandiose. Nous montons, accédons à la salle. Il faut chaud, comparé à l’extérieur. Nous sommes bien placés, en haut du parterre. Je trouve le lieu beau, comme un rêve, en suspension, en équilibre. Les couleurs sont apaisantes. Les lignes, ou plutôt les courbes laissent le regard s’évader. La salle se remplit doucement et finit par être pleine. Les lumières s’éteignent.

Sur scène le 12 ensemble et le Max Richter ensemble sont présents, avec Mari Samuelsen comme soliste au violon. Vivaldi prend un coup de jeune et ses 4 saisons me touchent tout simplement au coeur. La puissance des cordes, la fragilité parfois. L’intensité de cette musique si souvent entendue et pourtant si unique en cette version. L’approche si subtile de Max Richter me tire quelques larmes. Les musiciens sont excellents. Nous passons du printemps à l’hiver et chaque changement de saison se fait sous une salve d’applaudissements.

La première partie est un ravissement. Pour nous en donner un peu plus, les musiciens nous réinterprétent Summer 3. Les archets s’agitent. Le solo comme une voix qui se détache de toutes. Puis l’ensemble qui monte, qui gronde. Les contrebasses enfin. La vitalité avec laquelle est jouée ce morceau ne peut laisser de marbre. Quelle beauté !

Entracte. Le temps pour moi de faire un petit tour du propriétaire. Je reprend mon siège pour la deuxième partie : The Blue Notebook. Une musique plus sombre, plus personnelle. Une musique qui m’a tant de fois inspirée. Il y a une connexion particulière avec Max Richter qu’il faudra un jour que je raconte. Un lien qui me mènera je le pense plus loin encore. Mais chaque chose en son temps, parlons du concert. Revient sur scène le Max Richter ensemble et une lectrice, lui s’installe aux pianos (à queue et électrique).

Il y a une belle mélancolie, une pulsation qui ne quitte pas l’esprit, un dialogue profond entre les instruments. La musique cherche le chemin pour faire ressortir nos émotions. Le son de la mer, le cri des oiseaux. Deux orgues comme un chant mystique. Les notes envahissent la salle, enveloppant les auditeurs/trices d’une triste douceur. Je me laisse aller, retrouvant les raisons qui me font apprécier autant sa musique. A vous maintenant d’écouter, de découvrir peut être et de le partager à votre tour.